Parachat Kora’h


Parachat Kora’h

Une alliance de sel

A la fin de la paracha Kora’h, la Torah énumère les différentes offrandesaccordées à la tribu des Cohanim, qui s’élèvent au nombre de vingt-quatre.

Parmi les sacrifices appelés « Kodech haKodachim », la tribu des Cohanim se voit ainsi attribuer une part sur les bêtes approchées : « Toutes les offrandes dont on Me fera hommage (…) appartiendront à toi [Aharon] et à tes fils » (Bamidbar 18, 9). 


Dans ces versets, on voit aussi que des dîmes systématiques sont offertes aux Cohanim : « Tout le meilleur de l’huile, tout le meilleur du vin et du blé, les prémices qu’ils offrent à l’Eternel, Je te les donne » (verset 12).

La Torah évoque ensuite les offrandes des Bikourim [les prémices] et du ‘Hérem [consécrations par vœu], les premiers-nés des bêtes ou encore la dîme prélevée par la tribu des Léviim. En définitive, précise la Torah, toutes ces offrandes sont le résultat d’une alliance conclue entre D.ieu et les Cohanim : « C’est une alliance de sel, immuable devant l’Eternel, à ton profit et au profit de ta postérité » (verset 19). Le sel étant un aliment inaltérable, il constitue le symbole de cette alliance éternelle entre D.ieu et les Cohanim, qui ne perdront jamais leurs prérogatives au sein du peuple juif. A ce sujet, nos Sages s’expriment en des termes très précis : « Grande est l’alliance conclue avec Aharon plus que celle conclue avec David. Car Aharon a reçu ce mérite pour ses descendants qu’ils soient justes ou fauteurs (…) pour les hommes autant que pour les femmes ». En revanche, la promesse faite à David que sa descendance conservera à jamais le trône dépend de sa fidélité à D.ieu, et n’est valable que pour les hommes et non pour les femmes (Sifri).

A qui donne-t-on ?

Or il convient de comprendre la signification de celle alliance. Et surtout, pourquoi survient-elle précisément à cet endroit de la Torah, à la suite immédiate de la rébellion initiée par Kora’h ?
Le Sifté Cohen remarque que tout au long de l’énoncé des dons offerts à la tribu des Cohanim, une expression revient systématiquement : « C’est à toi que Je les ai donnés (…) Je te les attribue (…) Je te les offre ». La Torah ne se contente pas d’énumérer la liste des biens que les enfants d’Israël sont tenus offrir au Cohen : elle laisse entendre que c’est D.ieu Lui-même Qui les leur offre. Ce qui signifie que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces différentes dîmes ne sont pas de quelconques « cotisations » offertes par le contribuable à la tribu des prêtres. Bien au contraire : le Juif offre ses présents à D.ieu, et c’est D.ieu ensuite Qui redistribue ces biens aux Cohanim. Lorsque l’on offre un présent au Cohen, on ne fait en vérité preuve d’aucune « générosité » à son égard, on se contente d’accomplir notre devoir par rapport à D.ieu. Car, en effet, tous ces différents dons n’ont rien de « mitsvot ben adam la’havéro » – des bonnes actions accomplies à l’égard de notre prochain. Et par ailleurs, si le Cohen en bénéficie, c’est uniquement parce que D.ieu Lui-même lui cède ces offrandes.

Garder les justes proportions

Après que Kora’h et ses comparses aient remis en doute le statut d’Aharon, le peuple juif se trouva dans une situation ambiguë. Certes, on avait établi depuis le Ciel toutes les preuves nécessaires pour montrer qu’Aharon avait été désigné par D.ieu pour exercer le service sacerdotal. Néanmoins, cette situation ne fut pas sans susciter une gêne tout à fait légitime : n’était-ce pas après tout par sa faute que l’assemblée de Kora’h a été engloutie par la terre ? De fait, même après la mort de Kora’h, le calme n’était encore guère rétabli au sein du peuple. Les enfants d’Israël, loin d’être apaisés par la punition violente qui avait frappé les rebelles, reprirent leurs plaintes contre Moché et Aharon en disant : « C’est vous qui avez tué le peuple de l’Eternel ».
Voilà pourquoi il était plus que jamais nécessaire de remettre les pendules à l’heure. Les enfants d’Israël devaient accepter la supériorité des Cohanim comme une décision immuable de D.ieu, qui ne devrait dorénavant jamais être remise en question. Voilà pourquoi D.ieu décréta à ce moment précis une « alliance de sel » avec Aharon, c’est-à-dire une alliance qui ne serait soumise à aucune condition, et qui ne pourrait jamais être contestée. Or quel était le message de cette alliance ? Que les Cohanim n’ont aucun compte à rendre au peuple, car depuis lors, ils sont devenus les « délégués de D.ieu ». En d’autres termes, les Cohanim ne s’élèvent pas au-dessus des enfants d’Israël pour les représenter devant D.ieu, mais au contraire, c’est l’inverse qui est vrai : les Cohanim appartiennent à D.ieu, c’est de Sa main qu’ils se nourrissent. En quelque sorte, leur rôle est au contraire de représenter D.ieu auprès du peuple juif !

Voilà pourquoi la Torah, à l’endroit où elle énumère toutes les offrandes des Cohanim, insiste sur le fait que c’est « D.ieu qui les leur donne », car comme il est dit, ils ne reçoivent rien des enfants d’Israël et ces derniers, par leurs offrandes, ne font en vérité qu’accomplir leur devoir par rapport à D.ieu. Ceci eut à jamais l’effet d’effacer tout sentiment de gêne chez les Cohanim, étant donné que les dons des enfants d’Israël n’ont rien d’une quelconque forme de charité.

 Par Yonathan Bendennnoune
http://www.chiourim.com

 

Posté le par vbondoux dans Dvar Torah Laissez un commentaire

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